En Allemagne, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on trouve encore les termes de violoncello et violoncello piccolo utilisés pour désigner la viola da spalla. Et Léopold Mozart mentionne dans sa célèbre Violinschule de 1756 qu’« actuellement [en 1756 donc], non seulement la viola da gamba se tient entre les jambes, mais aussi le violoncello. » (Ce n’était donc pas le cas auparavant – une allusion de plus au fait qu’au début du XVIIIe siècle, le violoncello était joué da spalla.) De même, en 1758, Adlung considérait la viola da spalla et le violoncello comme des synonymes.
On ne sait pas encore avec certitude à quelle période est né le violoncelle « actuel » et à partir de quand il s’est imposé dans les différents pays d’Europe ; cette évolution allait progressivement faire disparaître de la scène la viola da spalla.
Dans le fond, le violoncelle qui nous est aujourd’hui si familier est une version sensiblement réduite de ce qu’on appelait la basse de violon en France à l’époque de Lully, un instrument qui, dans ce pays, était accordé un ton plus bas que le violoncelle actuel. Sous le nom de violone, la basse de violon était aussi couramment utilisée dans d’autres pays d’Europe pour les parties de basse dans toutes sortes de situations, mais en règle générale, elle était accordée comme «notre» violoncelle. Cet instrument était toujours tenu entre les jambes. Parfois (notamment dans les grands ensembles dirigés par A. Corelli à Rome), ce violone était utilisé en combinaison avec le contrabasso qui sonne à l’octave inférieure, lui-même très souvent désigné du nom de violone (de quoi semer la confusion…).
Dans la Méthode pour le violoncelle de M. Corette, datant de 1741, on peut lire que le violoncelle (il s’agit déjà clairement de notre violoncelle « actuel », c’est-à-dire de la basse de violon aux dimensions réduites) a été introduit en France aux environs de 1711-1716 par «Bononcini» (lequel ?). Mais cela ne nous dit pas si cet instrument existait déjà en Italie auparavant (et si oui, depuis quand), ni à quelle période il est entré dans les mœurs.