Des sources de la fin du XVIIe siècle font mention de la viola da spalla, aussi appelée violoncello da spalla : il s’agit là d’une donnée que j’ai conservée précieusement dans un coin de ma mémoire pendant de nombreuses années. De temps à autre, elle sortait de sa léthargie pour se manifester à mon esprit, mais c’est seulement il y a peu qu’elle s’est imposée avec vigueur dans le champ de mes préoccupations. Cela s’est produit alors que je remettais en question certaines pratiques actuelles en ce qui concerne la composition des orchestres baroques, plus précisément l’emploi à la basse d’instruments à cordes octaviant vers le bas (on les nomme les « 16-pieds » ; la contrebasse en est un exemple connu). Cette remise en question était quant à elle liée au fait qu’à la Petite Bande, depuis 2000 environ, nous sommes passés à une interprétation des cantates de J.S. Bach (et d’autres œuvres avec chœur) recourant à un chanteur par voix plutôt qu’à un « chœur » – et ce en concordance parfaite avec les résultats de recherches très poussées menées dans ce domaine au cours des vingt-cinq dernières années.
Cette nouvelle configuration nous a aussi obligés à retourner aux sources dans le domaine de la pratique instrumentale : le choix d’un chanteur par voix nécessite bien sûr un accompagnement instrumental adapté. Les nombreux manuscrits originaux des parties instrumentales et vocales des cantates et autres œuvres de J.S. Bach, les commentaires issus des traités de l’époque et ce que j’oserais appeler les « leçons du bon sens » nous ont conduits à la conclusion qu’il était erroné d’utiliser des basses de 16 pieds dans ce contexte : c’est en effet inutile voire préjudiciable. De fil en aiguille, nous nous sommes intéressés de près à la basse instrumentale dans son ensemble.